Là où le présent et le passé s'interpénètrent

Versailles-Trianon
Versailles-Trianon


 Deux enseignantes Anglaises de très bonne famille, filles de pasteur, âgées de trente-huit et de cinquante cinq ans se promènent dans le parc après la visite du palais de Versailles.
Le petit Trianon est un classique de la visite, nos deux miss se dirigent donc dans sa direction et demandent leur chemin à deux gardes habillés en livrée verte et coiffés d'un tricorne. Mis à part, leur air sombre et préoccupé, elles ne portent pas plus que ça attention à l'uniforme, habituées à voir les gardes de la tour de Londres habillés en habits de la renaissance.
En prenant le sentier menant au Trianon, miss Moberly et miss Jourdain, de leur vrai nom, petite aparté, ayant racontées leur mésaventure dix ans plus tard dans un livre intitulé " Une aventure " (Traduction Française) sous des pseudonymes, Miss Moberly( Miss Morison )et Miss Jourdain( Miss Lamont ).
Cette mise au point étant faite, je reprends le fil de l'histoire.
Donc Miss Moberly se sent prise d'angoisse et de tristesse dont elle ne comprend pas l'explication. En approchant d'un petit carrefour, l'oppression devient insupportable, ne voulant pas inquiéter son amie, elle essaye de se dominer. Curieusement, tout est calme autour d'elle, un kiosque avec à côté  un homme qui ne ressemble pas un touriste, habillé d'un manteau ample et d'un chapeau à larges bords, Miss Moberly se sent de plus en plus troublée. Tout autour d'elle cela ressemble à un tableau, rien ne bouge, ni feuilles, ni ombres et jeux de lumières, tout cela semble figé.
Tout à coup, les deux femmes entendent le halètement d'une personne courant. Se retournant elles ne distinguent personne sur le sentier à part une très jeune personne revêtue d'un costume très ancien, surexcitée, criant et tendant le bras en leur indiquant qu'il faut prendre sur la droite. Nos deux Miss se retournent pour remercier le personnage de les avoir remises dans le bon chemin, mais il n'y a plus personne. Tout ce monde a disparu, malgré le bruit d'une course effrénée qui se fait entendre.
Les deux Anglaises continuent leur chemin sans croiser âme qui vive et franchissent un petit pont près d'une cascade. Elles aperçoivent enfin le Trianon dont les fenêtres sont fermées.
Toujours personne, sauf assise dans un pré devant le petit Trianon, une femme couverte d'un grand chapeau, d'une très belle tenue semblant dessinée, se retourne pour regarder les deux femmes. Miss Moberly distingue de mieux en mieux son costume qui semble être d'un autre âge.
Toujours ce silence pesant, pas un bruit, ce qui parait aberrant, au vu de la saison, en plein été le parc devrait être rempli de touristes. Nous sommes quand même en août.
Soudain, une porte du petit Trianon s'ouvre et un jeune homme en sort. Miss Moberly le décrira de " désinvolte comme un palefrenier ". Il leur indique qu'il faut qu'elles se dirigent vers la cour d'honneur, elles reprennent donc leur chemin et Miss Moberly retrouve tous ses sens et son humeur de vacancière.
Miss Moberly se confiant à son amie se rend compte qu'elles ont vécu les mêmes sensations mais n'ont pas eu exactement les mêmes visions.
Miss Jourdain n'a pas vu la dame dessinant dans le pré, elle a aussi vu une vieille charrue déposée contre un mur et une ferme où se trouvait une femme habillée à l'ancienne tendant un pot au lait à une très jeune fille coiffée d'un bonnet blanc.
En rentrant en Angleterre, les deux femmes rédigent chacunes de leur côté le récit de leur aventure Française pour constater les différences et similitudes pour en finir dix ans après à la rédaction d'un livre.
Pendant les neuf années précédant la rédaction de leur ouvrage, elles devinrent rats de bibliothèques et avec force et conviction retrouvèrent un portrait de la reine peint par Wertmüller dont disait-on qu'il était un des plus ressemblant ( la femme au milieu du pré ), elles apprirent aussi que la petite fille au pot au lait était la fille d'un jardinier prénommée Marion qui se promenait souvent avec la reine. Quant à l'homme habillé d'un manteau ample, elles l'ont identifié comme étant le comte De Vaudreuil au visage marqué par la petite vérole et les halètements, par un page se précipitant prévenir la reine en ce jour du 5 octobre 1789 que la foule parisienne arrivée et repartit aussitôt vers le palais.
Depuis tout a disparu, le pont, la cascade et le kiosque. Quelques ingénieurs et le temps ont fait leurs œuvres.
Nous voici, le 2 janvier 1902 dans le parc de Versailles, Miss Jourdain seule cette fois-ci, cherche à refaire le trajet de Versailles au Trianon en prenant soin d'emprunter un autre chemin qu'au mois août. Tout se passe bien quand tout à coup, elle a l'impression de franchir une ligne écrira-t-elle. Deux hommes se tiennent là, ramassant des feuilles mortes, revêtus visiblement d'un costume d'un autre âge. La vision est fugitive. Tout redevient normal et Miss Jourdain arrive sans encombre au Trianon. Revenant, maintenant vers le palais en passant par un petit bois qu'elle n'avait pas traversé a l'aller, elle croira entendre des notes de musique jouées par des violons. Elle les datera indiscutablement de la fin du XVIII siècle.
Le 4 juillet 1904, Miss Moberly et Miss Jourdain sont de retour à Versailles accompagnées d'une amie Française dans l'espoir de retrouver le chemin qu'elles avaient emprunté en 1901. Elles retrouvent le Trianon sans problème et c'est ce jour là qu'elles comprirent sans aucun doute possible que le décor de leur ballade de 1901 n'existait plus depuis longtemps.
Le 12 septembre 1908 Miss Jourdain refera une dernière tentative au alentour du Trianon, elle ressentira juste une vague sensation, mais là s'arrête l'histoire pour nos deux Miss.
En conclusion de leur livre, elles suggéreront avoir accédé à la mémoire de Marie-Antoinette.
Se peut-on qu'elles aient accédé à ce que les occultistes nomment la mémoire akashique ? Nul ne le sait.
Elles semblent en plus, ne pas avoir été les seules à voir ces personnages du passé. Une famille Américaine qui a résidé de 1907 à 1909 à Versailles a vécu à peu près les mêmes visions oculaires et auditives.
Joli conte me direz-vous, mais êtes vous vraiment sûr de ce que vos yeux vous montrent ?
 
Source: Quand la science rencontre l'étrange-Yves Lignon-Les 3 Orangers


Complément: Archive des émissions de sud-radio "Aventuriers de l'Etrange" de Louis Benhedi.